Ce portrait explore un triple parcours : celui de la femme de loi, qui fut la première haïtienne à intégrer le barreau de Port-au-Prince et à siéger à la Cour de cassation ; celui de la femme d’État, appelée à diriger le pays dans une période de transition démocratique (1990–1991) ; et enfin, celui de la militante intellectuelle, auteure prolifique d’ouvrages majeurs sur le droit et la condition féminine.

Loin d’un hommage symbolique, ce texte propose une réflexion sur le rapport entre genre, pouvoir et mémoire, en mettant en lumière les obstacles systémiques qu’elle a su surmonter. Son engagement pour les droits des femmes, son rôle dans la modernisation du droit haïtien et sa contribution à la consolidation d’une démocratie fragile illustrent un leadership rare, enraciné dans une rigueur intellectuelle et un sens aigu du devoir.

À travers cette contribution, il s’agit aussi de réhabiliter une mémoire trop souvent éclipsée dans les récits officiels. Ertha Pascal-Trouillot est une figure d’autorité et de rupture, une femme qui, dans un pays historiquement dominé par le pouvoir masculin, a su se frayer un chemin vers l’Histoire — sans compromis.